Albums : My Beautiful Dark Twisted Fantasy, l’apothéose du chaos
En 2010, Kanye West sort de l’œil du cyclone médiatique après l’épisode Taylor Swift aux MTV Awards.
Exilé à Hawaï, il se replie dans un studio transformé en bunker créatif, convoquant une armée de musiciens, producteurs et rappeurs. Le résultat est My Beautiful Dark Twisted Fantasy, un disque-monstre, baroque et démesuré, qui redéfinit le hip-hop en l’arrachant à sa logique minimaliste pour le plonger dans l’excès et la luxuriance.
Chaque morceau sonne comme une fresque : les envolées de “Runaway”, le chaos orchestral de “All of the Lights”, l’ivresse de “Power” et la beauté toxique de “Gorgeous”. West assemble samples soul, guitares électriques, symphonies et autotune comme un peintre fou mélange ses couleurs - trop, toujours trop, mais miraculeusement juste. L’album condense son génie mégalomane et ses fêlures, oscillant entre confession intime et grand opéra du narcissisme.
Plus qu’un disque, c’est une déclaration de puissance artistique : Kanye y érige son ego en temple, mais aussi en champ de bataille. Quinze ans après, My Beautiful Dark Twisted Fantasy reste un sommet inégalé de la pop moderne, une œuvre qui a redéfini ce que pouvait être un album de rap - total, théâtral, excessif, mais étrangement humain.