:: Apocalypse Sunset : Appetite for Destruction
Quand Appetite for Destruction surgit en 1987, c’est plus qu’un disque : c’est une bombe sales gosses larguée sur la scène rock aseptisée des années Reagan.
Derrière sa pochette censurée, on devine déjà l’odeur de bière tiède, de sueur, de cuir râpé et de sexe sans lendemain. Guns N’ Roses, à l’époque, c’est cinq types déglingués qui resserrent la gâchette du hard rock, à un moment où MTV vend du glamour sous cellophane.
Dès Welcome to the Jungle, on comprend que ce disque ne promet rien de moins qu’une descente aux enfers à ciel ouvert. Slash dégouline des riffs coupants comme une lame rouillée ; Izzy Stradlin tricote une rythmique crasseuse mais précise, pendant que la voix d’Axl Rose, serpent venimeux, oscille entre gémissement et hurlement. Le groove, lui, emprunte autant aux Stones qu’aux punks de L.A., injectant une pulsation urbaine et toxique.
Sweet Child O’ Mine n’est pas qu’une ballade : c’est un mirage, un souffle pop au milieu de ce chaos, un refrain déchiré sur un amour qu’on sent déjà voué à l’échec. Chaque morceau suinte le chaos contrôlé, l’urgence électrique d’un groupe qui sait qu’il brûlera tout avant de s’autodétruire.
Avec Appetite, le rock’n’roll redevient dangereux, sale, exaltant. L’Amérique, sous ses néons, redécouvre ses bas-fonds. Et trente ans plus tard, cette rage est intacte. La destruction promise est venue, mais l’appétit, lui, reste vorace.