Best of : James Brown
James Brown, c’est la Terre qui gronde sous les pieds du XXᵉ siècle. Un cri taillé dans la sueur, la rage et la discipline. Il transforme le rythme en arme, le funk en rituel collectif.
Dans sa voix, tout brûle : le gospel, le blues, la rue, la révolte. Chef d’orchestre autoritaire et démiurge du groove, il impose le corps comme vérité première. Sans lui, pas de hip-hop, pas de dancefloor, pas d’Amérique noire debout.
Live at the Apollo (1963)
L’électricité pure d’un peuple qui se reconnaît dans un hurlement. James Brown y transforme une salle en volcan, chaque soupir devient feu, chaque cri une délivrance. Pas d’effets, pas de ruse : seulement la chair, la sueur, la foi. Ce disque n’est pas un concert, c’est une messe primitive, un exorcisme collectif. Le public participe, halète, répond. Le R&B devient expérience spirituelle. À l’Apollo, Brown ne chante pas : il ressuscite.
Sex Machine (1970)
C’est le moment où le funk cesse d’être un style pour devenir une force vitale. Tout est rythme, syncopes, répétitions brûlantes. La basse martèle comme un cœur urbain, les cuivres hurlent l’urgence, et Brown dirige comme un général du groove. Ici naît le futur : la matrice du hip-hop, du punk, de tout ce qui refuse l’immobilité. “Get up” n’est plus un ordre, c’est une révélation : le corps s’éveille, la nation bouge, le monde se transforme.
The Payback (1973)
Crépusculaire et souverain, The Payback est la vengeance du funk blessé. Tout y est plus lent, plus sale, plus profond. Brown, trahi, trône dans l’ombre : la voix râpeuse, les grooves visqueux, la rage contrôlée. Ce n’est plus l’explosion, c’est la domination. Le funk se fait stratégie, miroir d’un pays fracturé. Derrière chaque note plane la fierté, la fatigue, le pouvoir. Un manifeste en clair-obscur : la revanche d’un roi que personne n’a jamais détrôné.