Best of : Stevie Wonder
Stevie Wonder est plus qu’un prodige : il est une tornade visionnaire qui a redessiné la soul en y insufflant jazz, funk et pop, jusqu’à abolir les frontières.
Aveugle dès la naissance, il transforme chaque note en clairvoyance, chaque chanson en manifeste vibrant. Sa voix, tour à tour tendre et prophétique, résonne comme un miroir de l’Amérique déchirée mais pleine d’espoir. À travers lui, la musique devient non seulement un refuge, mais une arme douce et invincible.
Innervisions (1973)
C’est un disque de lucidité brûlante, une Amérique fantasmée et dénoncée tout à la fois. Les synthés y deviennent instruments de vérité, sculptant un funk futuriste traversé de visions mystiques et de chroniques sociales. Living for the City claque comme une fresque urbaine, rage et tendresse mêlées. Stevie, prophète électrique, tisse un gospel des rues où la douleur et la rédemption se confondent. Chaque note est une gifle au mensonge, chaque silence une respiration de liberté conquise.
Songs in the Key of Life (1976)
Ici, Stevie déploie un cosmos entier. Double album, double vertige : l’amour, la foi, l’histoire noire, la joie brute, tout pulse dans un tourbillon orchestral. Sir Duke rend hommage à Ellington mais parle surtout d’éternité : la musique comme fil d’Ariane de l’humanité. Entre funk solaire et ballades cosmiques, l’album élève la soul au rang de bibliothèque sacrée. C’est l’Amérique rêvée, une utopie en vinyle, où la douleur s’efface dans l’incandescence du groove et l’ivresse mélodique.
Talking Book (1972)
Avec cet album, Stevie arrache la soul à la séduction immédiate pour la plonger dans la nuit électrique du désir et de l’angoisse. Superstition, battue par ce riff de clavinet obsédant, devient rituel vaudou, danse des ombres et des croyances. Mais derrière l’éclat funky, perce la fragilité d’un cœur nu. Talking Book est confession et célébration, intime et universel, un livre ouvert où chaque note dessine la silhouette d’un homme qui transforme ses blessures en visions sonores.