Best of : The Isley Brothers
The Isley Brothers, c’est l’Amérique en mutation distillée dans un groove incandescent.
Du cri primal de “Shout” aux déflagrations funk de “Fight the Power”, ils traversent décennies et révolutions en brouillant les frontières du sacré et du charnel. Leur musique respire la chair et la ferveur, mêle gospel, rock, soul et funk dans un même séisme. Chaque riff, chaque falsetto, brûle comme un manifeste de survie. Les Isley sont plus qu’un groupe : une épopée électrique de désir et de résistance.
3 + 3 (1973)
C’est la métamorphose : d’un groupe soul flamboyant naît une hydre électrique. Les guitares incendiaires d’Ernie Isley ouvrent un portail entre Hendrix et le funk, tandis que les harmonies vocales restent gorgées d’église. That Lady fuse comme un orgasme cosmique, jetant le funk dans l’orbite rock. L’album respire la liberté des seventies, mêlant sensualité et colère rentrée. Ici, les Isley deviennent alchimistes : leur funk n’est plus une danse seulement, mais une révélation. 3 + 3, c’est l’instant où tout bascule.
The Heat Is On (1975)
Deux faces, deux mondes : d’un côté la sueur des clubs, de l’autre la chair moite des draps. Fight the Power est une grenade politique, rugissement de résistance afro-américaine, groove comme arme de guerre. Puis vient la face B, velours nocturne, ballades où la voix se fait confession charnelle. L’album incarne l’Amérique post-Vietnam, déchirée entre rage et sensualité. Jamais le funk n’a sonné aussi total, capable de mettre le feu à la rue et d’attiser l’intime.
Between the Sheets (1983)
Les années 80, synthés et pulsations électroniques, mais les Isley refusent la froideur : ils injectent sueur, désir, luxure. Between the Sheets devient une liturgie du plaisir, lente, vénéneuse, gorgée d’érotisme urbain. Cet album résume une époque où la soul glisse vers le R&B contemporain, préfigurant le hip-hop sampleur. Chaque note est un parfum lourd, chaque silence une caresse menaçante. C’est un disque de nuit, de néons et de draps froissés, où le corps parle plus fort que la prière.