Black Sabbath : le jour où Birmingham a enfanté la noirceur
Birmingham, 1968. Non pas le Flower Power, mais la tôle, la crasse et la peur de l'apocalypse industrielle.
C’est dans ce décor d’acier froid que naît Black Sabbath, un groupe qui ne cherchait pas le soleil californien mais l’ombre lourde qui s’allongeait sur la classe ouvrière. Le choc. Dès leur premier album éponyme en 1970, tout bascule. L’air n’est plus au blues psychédélique, il est au doom, à l’annonce.
Leur son est une déflagration tellurique. Tony Iommi, contraint par un accident d’usine à utiliser des cordes plus légères et un down-tuning (accordage plus grave), invente sans le savoir le riff monolithique.
C’est la pierre angulaire du Heavy Metal. Ces notes épaisses, souvent basées sur l’intervalle du triton (le fameux diabolus in musica), ne jouent pas, elles écrasent. Geezer Butler, le bassiste, lui donne une résonance sombre et apocalyptique, tandis que la voix d’Ozzy Osbourne se lamente, prophétique et étrange.
On oublie souvent la subtilité. Sous les épaisseurs de Master of Reality, il y a l’influence du jazz et du blues crasseux, un groove lent et profond qui n’appartient qu’à eux. Pensez à l’ambiance planante de Planet Caravan, une parenthèse inattendue avant de replonger dans l’enfer de War Pigs.
C’est cette alternance entre le soufre et le silence qui a rendu leur impact indélébile. Ils n’ont pas juste créé un genre ; ils ont donné une bande-son aux angoisses d’une époque, influençant tout, du Grunge (Soundgarden) au Death Metal. Une légende. C’est la sueur, la bière et la noirceur. Et le monde n’a plus jamais été le même.

