:: Blackstar : épitaphe stellaire
"Blackstar", c’est un adieu cosmique déguisé en énigme jazz-électro.
Bowie, spectre caméléon, livre en sept morceaux un testament codé, hanté par la conscience aiguë de sa fin. Ce n’est pas un disque de rock : c’est une chute libre dans un trou noir, une danse macabre sur fond de saxophone free et de rythmes éclatés.
Il convoque la mort sans la supplier, la regarde dans les yeux, la transforme en art. Le morceau-titre, hypnotique et rituel, est une cérémonie funéraire spatiale. "Lazarus" ? Une confession à peine voilée, portée par une voix fatiguée, sublime. Chaque note, chaque pause, chaque cri est chargé d’une urgence nue, désarmante.
Musicalement, Bowie s’entoure de jazzmen new-yorkais qui déroutent les structures, dynamitent les formats. Le résultat est à la fois cérébral et viscéral, comme si Scott Walker, Kendrick Lamar et Coltrane avaient fusionné dans un laboratoire de l’Au-delà.
Sorti deux jours avant sa mort, Blackstar dépasse l’album-testament : c’est une œuvre-vie, une dernière métamorphose, une étoile noire qui brille plus fort parce qu’elle s’éteint. Bowie ne s’efface pas. Il s’élève, en provocateur céleste, pour mieux nous hanter à jamais.