Collector : Led Zeppelin IV
Le quatrième album de Led Zeppelin n’est pas un disque, c'est un monolithe. C’est la réponse brutale, anonyme, du groupe aux critiques qui les accusaient d’être un phénomène de studio sans substance.
En 1971, alors que le psychédélisme s’éteint et que le Heavy Metal n’est encore qu’un rugissement embryonnaire, Page, Plant, Jones et Bonham se retirent dans l’austère manoir de Headley Grange pour capter un son immense.
La réverbération naturelle de cette bâtisse victorienne devient le cinquième membre : écoutez la frappe de John Bonham sur “When The Levee Breaks”, ce groove de mammouth lourd et lent, c’est l’écho de la pierre, la résonance d’un mur s’écroulant.
Cet opus est un pont entre deux mondes. D’un côté, la brutalité électrique, les riffs complexes et décalés de “Black Dog”, un chef-d’œuvre de concision rythmique où John Paul Jones tisse une basse d’une précision démoniaque. De l’autre, la douceur médiévale, le folk mystique de “The Battle of Evermore” et ses mandolines entrelacées, avec Sandy Denny en invitée fantomatique, seule voix extérieure jamais tolérée sur un album du Zep. L’anonymat de la pochette, ces symboles cabalistiques, force l’auditeur à ne juger que la musique.
C’était leur pacte avec le destin. Un chef-d’œuvre. La quintessence du Hard Rock, là où la lumière côtoie l’ombre, et où l’on comprend que l’épique peut être intime.

