Collectors : Can’t Get Enough - Barry White
1974. L’Amérique tangue entre crise et décadence, mais dans les clubs, les corps s’allument.
Au milieu de la poussière du funk et du disco naissant, Barry White apparaît comme un dieu sensuel descendu du ciel de la soul. Can’t Get Enough n’est pas seulement son troisième album - c’est une déclaration d’abondance, une célébration du désir, de la luxuriance et du contrôle absolu.
Dès “Mellow Mood (Part 1)”, on pénètre un palais de cordes et de cuivres. Pas encore de voix - juste cette promesse : quelque chose d’opulent va se produire. L’orchestre de Gene Page tisse un rideau de soie symphonique qui annonce la suite.
Et puis surgit “You’re the First, the Last, My Everything” : explosion pure, déclaration sans retenue. À une époque où la soul se politise, Barry choisit l’amour comme manifeste. Et le monde entier danse sur ses certitudes.
Le sommet, c’est évidemment “Can’t Get Enough of Your Love, Babe”. Ce groove circulaire, irrésistible, taillé dans le velours. Tout y est : le chœur qui respire, les cordes qui frémissent, la basse qui ondule comme une liane, et cette voix - grave, charnelle, parfaitement posée. White ne chante pas : il incarne. Il dirige l’orchestre de la passion comme un général du plaisir.
Cinquante ans plus tard, Can’t Get Enough reste une leçon de sensualité orchestrée. Derrière les arrangements luxuriants, il y a un artisan méticuleux, un romantique obsessionnel. Barry White n’a pas simplement chanté l’amour : il l’a organisé, produit, sculpté jusqu’à la perfection. Et c’est pour ça qu’on ne peut, vraiment, jamais s’en lasser.


