Frenchies : Rivière ouvre ton lit - Johnny Hallyday
1969. La France a encore les yeux tournés vers les barricades de mai, mais Johnny, lui, regarde déjà vers Londres et le cosmos. Avec cet album, l'idole ne se contente pas de muer ; il explose.
Ce n’est plus du yéyé, c’est une cérémonie païenne, une collision frontale entre le blues poisseux et l’expérimentation lourde.
Enregistré avec la crème de la scène britannique, dont un certain Steve Marriott et Ronnie Lane des Small Faces, l’album transpire l’urgence et la sueur des studios Olympic. Le son est colossal, presque étouffant de puissance.
Les guitares saturent jusqu’à la déchirure, portées par une section rythmique qui cogne comme un marteau-piqueur sur le bitume parisien. C’est un disque de rupture, un cri sauvage où la voix de Hallyday, plus rocailleuse que jamais, s’abandonne à une fureur mystique.
On y entend des échos de Led Zeppelin naissant, une lourdeur héritée du British Blues Boom, mais filtrée par une sensibilité française viscérale. L’innovation réside dans cette production grasse, saturée d’effets, où chaque morceau semble être capturé dans l’instant, au bord du chaos.
C’est l’album de la réinvention totale, celui qui prouve que Johnny n’était pas qu’un interprète, mais un catalyseur d’énergies brutes. Un choc tellurique. Le son de la foudre qui s’abat sur la variété pour la réduire en cendres.

