:: Get Lucky : l’épiphanie disco de Daft Punk
Avec "Get Lucky", Daft Punk a fait bien plus que ressusciter la fièvre disco : ils l'ont sacralisée.
En 2013, à l’heure où l’EDM pulvérisait les charts à coups de drops stroboscopiques, Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo ont pris le contrepied total. Au lieu de suivre la vague, ils ont remonté le courant. Direction : les clubs de 1978, la sueur des corps en fusion, le groove en boucle.
Ce morceau, porté par la voix souple et solaire de Pharrell Williams et illuminé par la guitare de Nile Rodgers - l’homme derrière Chic, Madonna, Bowie - est une prière hédoniste masquée en tube pop. Tout ici est question de feel : la précision métronomique de la rythmique, les accords suspendus dans une boucle hypnotique, la basse qui danse sans jamais s’imposer. Pas d’explosion. Pas de climax. Juste le plaisir long, patient, contagieux.
Mais Get Lucky n’est pas qu’un revival stylisé. C’est une déclaration d’intention. Un manifeste analogique dans un monde numérique. Une tentative de redonner à la musique pop sa sensualité perdue, sa chair. En réinjectant de l’humanité dans la machine, Daft Punk n’ont pas regardé en arrière par nostalgie, mais pour rappeler que la musique, avant d’être un produit, est un rituel.
Le succès planétaire du titre - paradoxal, vu sa sobriété - prouve que le corps se souvient. Que sous les beats compressés et les algorithmes, la pulsation du funk est intacte. Get Lucky touche à cette mémoire-là. Celle du dancefloor comme temple. Et pendant quatre minutes vingt-neuf, on y croit à nouveau.