God Only Knows : le miracle de la spiralité
1966. Le monde bascule. Pendant que les Beatles s’enferment en studio, Brian Wilson décide de traduire le divin en langage pop.
God Only Knows n’est pas qu’une chanson ; c’est une prière baroque envoyée vers un ciel de Californie qui soudainement semble infini.
Musicalement, c’est un séisme de velours. Brian délaisse le surf pour la transcendance. L’introduction au cor d’harmonie nous arrache à la terre, suivie par un clavecin et des percussions qui sonnent comme des battements de cœur célestes. La structure harmonique est un labyrinthe : la basse ne touche jamais la tonique, créant ce sentiment de flottement permanent, de désir inassouvi.
L’anecdote de studio reste légendaire : Brian, perfectionniste jusqu’à l’agonie, a fait enregistrer plus de 20 prises pour les seules voix de fin. Mais le coup de génie, c’est d’avoir confié le chant à Carl Wilson. Sa voix possède cette pureté angélique, dénuée d’ego, nécessaire pour prononcer le mot “Dieu”, un tabou radiophonique à l’époque, sans tomber dans le catéchisme.
Pour moi, c’est le sommet absolu de l’humanité mise en boîte. C’est la bande-son d’un amour si vaste qu’il en devient effrayant. Si les sondes Voyager devaient n’emporter qu’une preuve que nous avons un jour su transformer nos doutes en beauté pure, ce serait ces deux minutes et cinquante-neuf secondes. Un chef-d’œuvre qui nous rend, pour un instant, éternels.

