:: Good Vibrations : vibrations cosmiques
1966. La Californie brille, mais Brian Wilson a déjà quitté la plage pour plonger dans son propre labyrinthe mental.
Good Vibrations n’est pas seulement une chanson pop - c’est un OVNI sonore, une cathédrale psychédélique dressée au cœur du rêve américain. Trois minutes et trente-cinq secondes pour pulvériser les Beach Boys de carte postale.
Ici, le surf est remplacé par l’onde cérébrale. Wilson, génie fragile, orchestre des fragments : clavecin baroque, theremin ectoplasmique, harmonies vocales célestes. Rien n’est figé - tout vibre, flotte, se disloque avant de se réassembler dans un final quasi liturgique. À l’époque, aucun studio n’avait vu ça : 90 heures de bandes, des couches de sons superposés comme des strates géologiques.
Good Vibrations capture la collision entre innocence et paranoïa. L’Amérique croit encore au Flower Power, mais le vertige pointe déjà. Wilson invente la pop de laboratoire, anticipant le sampling, la sophistication studio. Derrière la légèreté - “I’m pickin’ up good vibrations” - se niche l’angoisse douce d’un monde trop beau pour durer.
Le morceau est un totem : il inspire Lennon, Bowie, toute la pop de chambre à échos jusqu’à Radiohead. Une prouesse technique, oui, mais surtout un manifeste existentiel. La beauté peut naître du chaos. L’art peut sublimer la névrose.
Aujourd’hui encore, on entend Good Vibrations comme une épiphanie en stéréo : un garçon perdu qui capte les fréquences de l’univers pour les transformer en hymne kaléidoscopique. La plage est loin. Le mythe, lui, flotte toujours dans l’air.