Guns N’ Roses : la dernière émeute du rock
Il y a des groupes qui sonnent comme un accident de voiture au ralenti. Guns N’ Roses, c’est ça : la beauté dans le chaos, l’élégance crasseuse d’un monde qui brûle et qui danse en même temps.
Quand Appetite for Destruction sort en 1987, Los Angeles dégouline de laque et de synthés : le glam rock se maquille devant le miroir, MTV vend du rêve pastel. Et puis surgissent cinq types hirsutes, maigres, affamés - une meute plus proche des ruelles que des palaces.
La voix d’Axl Rose ? Un cri animal coincé entre le gospel et le sabre. Ça strie l’air, ça arrache la peau. La guitare de Slash, elle, c’est du feu qui coule lentement, un blues vénéneux qui refuse de mourir. Ensemble, ils fabriquent une alchimie instable, dangereuse, irrésistible. Guns N’ Roses, c’est la friction entre le soleil de Californie et l’ombre des clubs crasseux de Sunset Strip.
Sur scène, c’était la guerre : concerts qui commencent avec deux heures de retard, bagarres avec le public, excès à la chaîne… mais quand ça démarrait, c’était comme si une météorite s’abattait sur la scène. Le public oscillait entre la rage et la transe. À Montréal, en 1992, une émeute éclate après leur départ brutal - preuve que Guns N’ Roses n’a jamais laissé personne tiède.
On pourrait dire qu’ils furent les derniers dinosaures d’un certain rock’n’roll, avant que le grunge n’impose la chemise à carreaux et la mélancolie. Mais réduire Guns N’ Roses à une relique serait faux. Ils sont une cicatrice encore vive, un rappel que le rock peut être à la fois sale et sublime.
Écouter Welcome to the Jungle aujourd’hui, c’est rouvrir une porte interdite. Derrière, il n’y a pas seulement un groupe : il y a une époque où la démesure tenait lieu de vérité.