:: Icônes : Alain Bashung
Il chantait comme on erre, voix fêlée entre deux mondes, rock et vertige.
Bashung, c’est la collision d’un cow-boy désossé et d’un poète halluciné, un Rimbaud perdu dans les synthés froids de Play Blessures, un bluesman germanopratin. À la fin des années 70, il arrive de nulle part, ou pire : de la variété. Mais dès Roman-Photo, puis Gaby, il sabote tout. Sculpte des chansons comme des spectres : mots éclatés, guitares stridentes, basse sale, lexique dada.
Avec Osez Joséphine, il devient un mythe vivant. Le rock français a trouvé son spectre tutélaire, cabossé, magnifique. Son chant déraille, traîne, s’élève, tombe. Chaque disque est une mue - de la rage sèche de Figure imposée à la beauté funèbre de L’Imprudence.
Bashung n’explique rien. Il trouble, il échappe. Et c’est justement là qu’il nous happe - dans cette zone trouble entre chanson, chaos et sublime.