:: Is This It : New York 2001, le coup de grâce
Quand "Is This It" déboule en juillet 2001, New York est encore debout, mais vacille déjà.
Cinq gamins fringués comme des héritiers de Lou Reed dynamitent l’indie rock, ranimant la flamme d’un CBGB fantasmé. En onze titres secs comme un uppercut, The Strokes imposent un son sale et chic, faussement bricolé, minutieusement désinvolte.
La batterie de Fabrizio Moretti claque comme une boîte à rythmes frappée par un Keith Moon sous calmants. La basse de Nikolai Fraiture serpente, bastion discret. Mais c’est la guitare de Nick Valensi et Albert Hammond Jr. qui griffure tout : riffs en lame de rasoir, larsens domestiqués, électricité filtrée. Au centre, Julian Casablancas éructe à travers un micro saturé, voix râpeuse, faussement blasée - crooner lo-fi des nuits trop longues.
Ce disque sonne comme si le Velvet, Television et les Ramones avaient fricoté dans un sous-sol de l’East Village avant d’être remixés pour MTV2. Et pourtant, Is This It n’est pas qu’un revival : c’est le manifeste d’une génération qui n’en voulait plus. Plus de solos pompeux, plus de refrains FM, plus de pose néo-métal. Juste l’urgence, l’insolence et une élégance débraillée.
Vingt ans plus tard, le premier album des Strokes reste un coup de poing. Il a ramené la guitare à la ville, offert un style à toute une classe moyenne arty, pavé la voie pour des centaines de groupes plus ou moins pertinents. On lui doit le renouveau de la scène new-yorkaise, la hype des Libertines, l’arrogance de tant d’épigones.
Is This It ? Oui, c’était ça. Un éclair parfait avant la gueule de bois.