Johnny B. Goode : l’étincelle originelle du rock’n’roll
Tout commence par ce riff. Tranchant, irrésistible, un éclair dans le ciel de 1958. “Johnny B. Goode” n’est pas seulement une chanson : c’est la matrice.
Chuck Berry y forge, en deux minutes et demie, la grammaire du rock’n’roll moderne : la guitare comme arme de séduction, la vitesse comme promesse de liberté, et le rêve américain dans toute sa naïveté flamboyante.
Berry s’y raconte à peine déguisé. “Deep down in Louisiana, close to New Orleans…”, l’histoire d’un gamin noir pauvre rêvant de jouer de la guitare jusqu’à ce que “le monde entier connaisse son nom”. À l’origine, il chantait “colored boy”, mais le label l’a censuré : trop risqué pour la radio. Qu’importe. L’énergie, elle, n’a jamais été édulcorée.
La structure est simple, presque scolaire : trois accords, une montée irrésistible, et ce solo d’ouverture devenu un langage universel. Les ingénieurs du studio Chess à Chicago ont capté ce son brut, claquant, presque métallique, l’électricité du futur. On entend déjà, en filigrane, Keith Richards, Hendrix, AC/DC, Springsteen. Tous les chemins du rock passent par ce carrefour.
Mais au-delà du mythe, Johnny B. Goode reste un cri. Une déclaration d’existence. Dans une Amérique ségrégée, un jeune homme brandit sa guitare comme un drapeau. Et soixante ans plus tard, son écho vibre encore dans le sillage d’une sonde spatiale : le disque d’or de la NASA emporte la chanson vers les étoiles.
Un message universel, gravé dans le cosmos : voici comment le rock a commencé.

