Jumpin’ Jack Flash : quand les Stones ont rallumé l’électricité du diable
Mai 1968. L’Europe brûle, les rues grondent, et les Rolling Stones sortent un riff comme un coup de botte dans une porte : "Jumpin’ Jack Flash".
Après les brumes psychédéliques de Their Satanic Majesties Request, le groupe revient sur Terre - ou plutôt, dans la boue. Un retour à la poussière, au blues, au corps. Keith Richards branche sa guitare, coupe les basses, et trouve cette morsure électrique qui semble venir d’un câble tombé sur le trottoir mouillé.
C’est un morceau sale, tendu, victorieux. Un hymne à la survie. Mick Jagger y éructe qu’il est “né dans une tempête” et qu’il en est sorti “Jumpin’ Jack Flash - it’s a gas, gas, gas !” : un cri de renaissance. Comme si les Stones eux-mêmes se réveillaient d’un long bad trip pour redevenir ce qu’ils sont : un gang. L’icône sonore du danger.
Techniquement, c’est un bijou de simplicité vicieuse : accord ouvert en Si, guitare acoustique saturée, Charlie Watts qui frappe sec, Wyman à la basse quasi-tactile. Jimmy Miller à la production taille dans le vif, sans fioritures : ça claque, ça respire, ça vit.
L’histoire raconte que “Jack” était le jardinier de Keith, aperçu sautillant sous la pluie. Mythe ou vérité, peu importe : cette chanson sent la terre humide et la foudre. C’est un exorcisme rock, une renaissance par le feu.
Chaque fois qu’elle démarre, le monde semble retrouver ses appuis. Les Stones sortent du brouillard et reprennent leur trône. Et ce rire, dans la voix de Jagger - mi-démon, mi-dandy -, c’est celui du rock qui sait qu’il ne mourra jamais.