:: Le Meilleur de 1964
1964 : l’année où les guitares éclatent comme des prophéties électriques, où le blues saigne sur des trottoirs anglais, où chaque refrain promet l’Amérique et sa perte.
The Beatles - A Hard Day’s Night
Ici, trois accords claquent comme une porte qu’on ouvre sur l’éternité. Londres s’allume, la jeunesse court sous la pluie, trempée de cris et de guitares jangle. C’est l’insouciance devenue rite, un film en noir et blanc traversé d’éclairs pop, une nuit sans fin où l’aube chante déjà.
The Rolling Stones - 12 x 5
Douze fois cinq coups de semonce, la sueur du delta exilée sur un bitume anglais. Les Stones griffent le blues, le tordent, le recrachent en échos râpeux. Derrière chaque riff, le fantôme de Muddy rit, la ville tangue, la jeunesse mord.
Archie Shepp - Four for Trane
Quatre cris pour un prophète de cuivre. Shepp éventre les silences, déchire les partitions, allume le free comme une mèche lente. Entre les notes, on entend Harlem trembler, Trane sourire, la colère danser nue.
Eric Dolphy - Out to Lunch!
Dolphy perce le ciel d’un bec de saxophone fou. Tout tangue : la basse trébuche, la clarinette ricane, l’espace se fissure. Jazz dada, jazz cosmique : à midi pile, le chaos devient festin, et chaque impro dévore la logique.
Bob Dylan - Another Side of Bob Dylan
Dylan quitte la route poussiéreuse et murmure à la nuit ses visions. Il n’est plus prophète, il est sphinx : mots énigmatiques, sourire en coin. Dans l’ombre d’un folk qui bascule, il trace déjà la carte de futurs naufrages.