:: Le Meilleur de 1966
1966 : le monde bat comme un cœur sous acide. Les guitares crissent, éclatent en éclairs de chrome et de fièvre. Les voix deviennent oracles, entre ciel et bitume.
Le folk se délite dans l’électricité, la pop se gorge de visions baroques, la soul saigne d’amour et de colère. On entend l’avenir : un souffle brûlant, saturé, qui déchire le présent comme une prophétie impossible à taire.
The Beach Boys - Pet Sounds
Un rêve de Californie qui se dissout dans le sel des larmes. Harmonies comme vitraux fêlés, basse qui bat comme un cœur inquiet. Chaque note est un murmure d’ange perdu, chaque accord un rayon de soleil qui sait qu’il va mourir au crépuscule.
The Kinks - Face to Face
Un carnaval anglais figé dans l’instant avant la pluie. Derrière les guitares enjouées, l’ombre d’un sourire ironique : le théâtre des petites tragédies quotidiennes, où la beauté se cache dans la poussière.
Cream - Fresh Cream
Éruption de fièvre blanche : riffs lourds comme le plomb, batterie en galop de cheval sauvage. Trois corps, une seule bête affamée, avançant dans un blues incandescent qui sent la terre et le danger.
Ornette Coleman - At the "Golden Circle", Volume One
L’air se déchire comme un rideau de soie. Le sax parle en langues inconnues, le silence entre les notes devient vertige. Ici, pas de route, juste un ciel mouvant où tout peut tomber ou s’élever.
Skip James - Today!
Voix de brouillard et de fer, guitare qui grince comme un plancher hanté. Chaque chanson est un fantôme revenu pour raconter ce qu’il a vu de l’autre côté, et ce n’est pas rassurant.