Le Meilleur de 1976
1976 n'est pas une année. C'est le claquement sec qui brise le miroir des 70s. La sueur du Funk est épaisse, mais un vent nouveau, glacial et rapide, s'engouffre sous les portes.
Les studios se font cathédrales pour les Dieux du Prog, tandis que dans l’arrière-salle des clubs de New York, la vitesse devient une idéologie. Le rock n’est plus grand, il est méchant. Un schisme entre l’épique et l’urgence. Le silence avant le chaos.
Ramones - Ramones
L’électricité est rétablie. Le Rock & Roll était devenu un opéra, les Ramones le réduisent à un coup de poing de deux minutes. C’est l’essence brute, le cri de naissance du Punk, le rejet radical du superflu et des solos trop longs. Ils arrivent de Forest Hills, quatre blousons de cuir, et effacent d’un coup de médiator l’ère des dinosaures. “Gabba Gabba Hey” est plus qu’un gimmick, c’est la devise d’une génération qui s’ennuie. Un album essentiel par sa brutalité joyeuse et sa déconstruction.
David Bowie - Station to Station
Ceci n’est pas un disque. C’est une traversée. La locomotive noire qui quitte Los Angeles pour Berlin, transportant le Duc Blanc dans sa phase la plus glaciale et la plus élégante. Le Funk américain se fige, se robotise, devient un Kraftwerk sous amphétamines. Des morceaux-fleuves, d’une tension chirurgicale, où la soul se confronte à l’abstraction européenne. Il y a ici une douleur majestueuse, l’adieu au glam pour une sophistication spectrale qui annonce tout l’avenir du Post-Punk.
ABBA - Arrival
La mélodie faite machine. Avec “Arrival”, le groupe suédois atteint une perfection pop clinique et bouleversante. Les arrangements sont des structures d’horlogerie, mais l’émotion reste intacte, presque surnaturelle. Ils inventent sans le savoir la charpente de l’Euro-Disco. Pensez au tourbillon tragique de “Dancing Queen”, un tube où la joie danse avec une solitude cosmique. C’est le moment où ABBA passe de l’usine à tubes à l’icône indémodable. Une architecture sonore qu’on n’a jamais pu égaler.

