Rétro : Retour en 1978
1978, année-sismographe : le disco rutile dans les clubs comme une idole païenne, pendant que le punk crache ses litanies dans des caves noires, rage des damnés modernes.
Entre les deux, des synthés s’allument comme des néons divins, et les guitares post-punk sculptent des ruines sur lesquelles danser. Tout vibre, tout vacille : c’est Orphée sous speed, traversant le Styx en rollers dorés, avec la fin du monde en bande-son.
Elvis Costello - This Year’s Model
Une horde de mots acérés cavale dans la nuit, serrés comme les dents d’un piège. L’élégance du mépris, la colère mise en costume. Derrière les claviers vénéneux de Nieve, une Angleterre frustrée mâche son chewing-gum au vitriol. Tout ici vibre d’une modernité venimeuse, faussement polie. L’amour est un flingue à retardement.
Talking Heads - More Songs About Buildings and Food
Un funk blanc tombe en morceaux sur les trottoirs de béton. Byrne chante comme un alien pris de panique dans un centre commercial. L’Amérique s’y reflète comme dans une vitrine sans âme : néons, routines, toits plats. Chaque basse slappe la solitude. L’art-rock devient architecture paranoïaque, et les nerfs dansent.
Marvin Gaye - Here, My Dear
Un psaume amer coule sur les ruines d’un amour dévoré. Marvin ne chante plus : il murmure, implore, accuse, se confesse. Le groove s’effrite en confessionnal soul, moite, lourd, sublime. C’est un divorce mis en vinyle, une passion disséquée au scalpel d’un prophète trahi. L’âme nue, sans rachat.