:: Led Zeppelin IV : la porte ouverte de Led Zeppelin
En 1971, quatre Anglais gravent dans le vinyle une arche sonore qui ne s’effritera jamais : Led Zeppelin IV.
Ni titre officiel ni nom sur la pochette, juste un vieil homme ployant sous son fagot - comme si Page, Plant, Jones et Bonham nous prévenaient : derrière le poids du passé, un grondement nouveau. L’album explose les cadres. On y entre par l’électricité moite de “Black Dog”, riff en boucles félines, pour s’enfoncer aussitôt dans le chaos tellurique de “Rock and Roll” - un coup de bélier dans la porte du blues.
Mais ce qui élève IV au rang de mythe, c’est Stairway to Heaven. Huit minutes comme un sabbat électrique : arpèges médiévaux, envolées vocales, solo incandescent - une cathédrale bâtie sur la poussière du folk et la fureur du hard. Chaque piste joue la tension entre racines et vertige : la mandoline de “Going to California” pleure un rêve hippie déjà éventré, pendant que “When the Levee Breaks” écrase tout sous un beat cataclysmique. La batterie de Bonham, captée dans l’escalier d’une vieille maison, résonne encore aujourd’hui comme un canon funéraire tiré sur la fin des sixties.
Au-delà de ses hits, IV cristallise un moment : la jeunesse occidentale, paumée entre utopies mortes et promesses électriques, trouve un exutoire. Zeppelin n’invente pas le rock lourd, mais lui offre un écrin mystique, brut et grandiose. Plus qu’un disque, IV est une faille temporelle où se mêlent runes celtiques, sueur de club et orgueil arthurien. Cinquante ans plus tard, quiconque s’y aventure entend la même chose : le grondement sourd d’un monde qu’on croyait infini.