:: Légendes : Bruce Springsteen, le chant des routes américaines
Bruce Springsteen n’a jamais été seulement un rockeur : il est la voix têtue des autoroutes, des usines désertées, des amours fracassées dans des bars de New Jersey.
Né dans la grisaille d’une petite ville ouvrière, il a transformé ses blessures et ses colères en hymnes collectifs. Dès Born to Run (1975), le jeune homme à la guitare rugissante offrait aux gamins paumés un ticket de sortie vers la liberté, porté par l’énergie volcanique de l’E Street Band.
Les années 80 lui apportent la gloire planétaire avec Born in the U.S.A., souvent mal compris comme un cri patriotique alors qu’il s’agissait d’un portrait amer de vétérans perdus dans l’Amérique reaganienne.
Springsteen a toujours refusé le rôle de héros lisse : il reste l’homme qui arpente les parkings vides après ses concerts, serrant des centaines de mains, racontant la fatigue et la foi des anonymes.
Son secret ? Une honnêteté brute, une ferveur scénique quasi religieuse - ses concerts, parfois de quatre heures, tiennent plus du rituel que du spectacle. À travers ses chansons, il a façonné un mythe moderne : celui de l’homme ordinaire capable de transformer sa vie en épopée. Aujourd’hui encore, à plus de soixante-dix ans, il continue de chanter l’Amérique invisible, celle qui doute, qui souffre, mais qui espère.
Et c’est peut-être là, dans ce mélange de lucidité et de compassion, que réside la véritable grandeur du Boss.