Légendes : Otis Redding, la voix qui pleure et soulève le monde
Otis Redding fut plus qu’un chanteur : il incarna l’âme brute d’une époque. Né en Géorgie, fils de prédicateur, il a appris très tôt à faire vibrer les foules dans les églises.
Mais c’est sur scène, entre sueur, cris et balancements fébriles, qu’il révéla son génie. Sa voix rauque, capable d’une tendresse infinie comme d’un déchirement viscéral, fit de lui l’un des symboles du label Stax, au côté de Booker T. & the MG’s et des Memphis Horns.
En 1965, “I’ve Been Loving You Too Long” bouleversa la soul : jamais la douleur amoureuse n’avait été chantée avec une telle intensité. Deux ans plus tard, au festival de Monterey, Redding conquit un public rock blanc qui n’avait pas encore mesuré la puissance de la soul du Sud. Ce fut un moment de bascule : il devenait universel.
Sa disparition brutale en 1967, dans un crash d’avion à seulement 26 ans, figea sa légende. Ironie cruelle : quelques jours plus tôt, il avait enregistré “(Sittin’ On) The Dock of the Bay”, chanson méditative et presque prophétique, qui deviendra son plus grand succès posthume.
Otis Redding laisse derrière lui une œuvre courte mais incandescente. Chaque note qu’il a chantée semble encore vibrer comme un cri venu des profondeurs de l’âme humaine. Il reste, plus qu’un chanteur, un écho éternel de la condition humaine.