:: L’étincelle rock’n’roll : That’ll Be the Day
Tout commence par un soupir, un claquement de batterie sec, et cette voix traînante qui semble déjà prédire une révolution.
Sortie en 1957, That’ll Be the Day est moins une chanson qu’un manifeste involontaire : celui d’un gamin à lunettes du Texas qui, sans le savoir, allait graver ses initiales sur la pierre angulaire du rock’n’roll.
Écrite par Buddy Holly et Jerry Allison après une projection de La Prisonnière du désert, où John Wayne lance son fameux “That’ll be the day”, la chanson a tout d’un clin d’œil devenu cri de ralliement. Rien d’ostentatoire : une progression d’accords simplissime, une batterie minimale, un chant presque nonchalant. Et pourtant, c’est là que réside sa puissance. Holly ne rugit pas comme Little Richard, il ne geint pas comme Presley : il observe, ironise, refuse le pathos. Et par ce geste, il invente une autre manière d’être une rock star.
Mais ce n’est pas seulement l’élégance du morceau qui sidère, c’est sa portée. En trois minutes à peine, That’ll Be the Day ouvre la voie à l’ère moderne de la pop : des adolescents qui écrivent leurs chansons, les enregistrent, les façonnent à leur image. Lennon dira qu’à l’instant où il a entendu le disque, il a su ce qu’il voulait faire de sa vie. Il n’était pas le seul.
Ce titre est une étincelle : modeste à l’œil nu, mais capable d’enflammer une génération entière. Le rock'n’roll, à partir de là, ne sera plus jamais un jeu d'adultes.