Life on Mars? : Bowie, la question bleue
C’est une chanson qui commence comme une berceuse. Quelques accords de piano, simples, presque banals. Et puis soudain, la porte s’ouvre : "Life on Mars?". Question absurde, question cosmique.
Bowie ne chante pas, il implore, il peint. On est en 1971, Hunky Dory vient de sortir, et tout bascule.
La mélodie s’élève comme une fusée qui refuserait la gravité. Rick Wakeman (futur Yes) au piano tisse un tapis de velours, Mick Ronson déploie un orchestre qui surgit comme un orage symphonique. Et au centre, Bowie, maquillage invisible, déjà extraterrestre. Sa voix se fissure, se cabre, devient presque théâtrale. Une voix qui n’explique rien mais qui montre tout.
C’est une chanson née d’un échec : Bowie avait écrit des paroles pour Comme d’habitude avant que Paul Anka n’en fasse My Way. Frustration détournée, vengeance éclatante : Life on Mars? devient sa réponse, une parodie devenue chef-d’œuvre.
Qu’entend-on là-dedans ? La télévision, la guerre, les rêves de cinéma, l’ennui adolescent. L’Angleterre grise des années 70 et le besoin de s’évader ailleurs, n’importe où, même sur Mars.
Et chaque fois que le refrain explose, c’est comme si l’air se déchirait. Pas une chanson, mais une hallucination mise en musique. Bowie pose la question, nous laisse suspendus : la vie sur Mars, oui ou non ? On s’en fiche. La vie est ici, brûlante, dans ces quatre minutes trente.