Moondance : l’alchimie celtique sous les étoiles
Lorsque Van Morrison pénètre dans les studios d’A&M en 1969, il porte encore sur ses épaules le fantôme mélancolique d’"Astral Weeks". Mais l’air a changé.
Il ne s’agit plus de se perdre dans les limbes acoustiques, mais de capturer l’éclat d’un cuivre, le groove d’une ligne de basse qui refuse de mourir. Moondance est cet instant de grâce absolue où le folk irlandais percute frontalement la soul de Memphis dans une danse nocturne effrénée. C’est un disque qui sent le bois ciré, le bourbon et l’humidité des forêts de Woodstock.
Techniquement, l’album est une prouesse d’épure. La production, pilotée par Van lui-même, délaisse l’abstraction pour une précision chirurgicale : les sections de cuivres claquent comme des coups de fouet tandis que le piano jazz apporte une élégance presque insolente. On raconte que l’ambiance en studio était électrique, Morrison exigeant des musiciens une spontanéité totale, capturant souvent l’essence d’un titre en une seule prise habitée.
C’est une œuvre de transition, un pont jeté entre la mystique celte et l’efficacité de la Motown. Pour moi, écouter cet album revient à regarder le soleil se coucher sur une lande sauvage avec la certitude que la nuit sera longue et lumineuse. Un chef-d’œuvre de vitalité organique. Le son d’un homme qui a enfin trouvé sa paix intérieure dans le tumulte du rythme.

