:: Never Mind the Bollocks : dynamite sous cellophane
Sorti en octobre 1977, Never Mind the Bollocks, Here’s the Sex Pistols est moins un album qu’un attentat sonore emballé dans du plastique criard.
Onze morceaux, trente-huit minutes, et l’Angleterre ne s’est jamais vraiment remise de cette claque. Le disque ne cherche pas à plaire : il agresse, crache, insulte. Et pourtant, c’est de l’or brut.
Dans ce cri primal, chaque riff de Steve Jones est une rafale de mitraillette : sale, épais, saturé, mais diablement précis. Glen Matlock (remplacé sur l’album par Sid Vicious, en mascotte plus qu’en musicien) avait déjà posé les bases harmoniques : sous le chaos, une structure pop solide, une conscience mélodique quasi beatlesienne pervertie par l’électricité. Paul Cook, à la batterie, cogne comme s’il voulait casser la table des lois.
Mais c’est Johnny Rotten qui donne à l’album sa dimension messianique. Plus prophète halluciné que chanteur, il éructe plus qu’il ne chante, vomissant sa haine de la monarchie, des institutions, de l’ennui généralisé. Chaque mot est un uppercut - God Save the Queen en tête, brûlot nihiliste déguisé en hymne.
Le punk existait déjà avant eux, mais Never Mind the Bollocks le cristallise, le rend inoubliable, radiotoxique. C’est la bande-son d’une Angleterre décomposée, le cri des oubliés sous Thatcher naissante. Un seul album, une seule salve, et tout a changé. Pas seulement la musique, mais l’idée même de ce qu’un groupe peut (et doit) être : indécent, indiscipliné, inoubliable.