Parliament/Funkadelic : le double corps du rêve noir américain
Oubliez la simple musique. George Clinton n'a pas fondé un groupe, il a construit une mythologie spatiale.
Né de la cendre du doo-wop, le collectif Parliament/Funkadelic est la réponse psychédélique, politique et surtout funky au malaise des années 70. Une déflagration.
D’un côté, Funkadelic, la bête brute, le garage band dopé aux acides. C’est l’ère de Maggot Brain, où la guitare d’Eddie Hazel hurle une peine qui dure dix minutes. Un blues électrique, saturé, qui fait le lien entre Jimi Hendrix et le punk à venir. De l’autre, Parliament, le vaisseau-mère, l’épopée orchestrée. Des cuivres flamboyants, des chœurs grandioses, des costumes de l’espace pour une “Nation sous un Groove”. C’est l’Afro-futurisme matérialisé.
En studio, sous la houlette de Clinton, les jam-sessions s’étiraient à l’infini, façonnant un son lourd, élastique. Des lignes de basse monumentales, jouées par le Dr. Bootsy Collins, qui ne pulsent pas, mais ondulent à travers la galaxie. Sur scène, c’était le chaos organisé : le “Mothership Connection” atterrissant sur l’Amérique. La sueur des musiciens se mélangeait à la fumée du spectacle.
Leur impact est sismique. Sans ce groove élastique, sans cette fusion de rock lourd et de soul mutante, le Hip-Hop, la G-Funk de la côte Ouest, n’auraient jamais existé. Ils sont la preuve que le funk n’est pas un genre, mais une force vitale. La boucle infinie. Un héritage éternel.

