Pépite : Thriller
Il y a des albums qui sortent. "Thriller", lui, est apparu comme un séisme.
Novembre 1982, Quincy Jones aux manettes, Michael Jackson en funambule génial qui veut tout réinventer : la pop, le groove, l’image, et peut-être même la façon dont la planète respire la musique. On oublie souvent que Thriller naît d’un désir presque viscéral : faire mieux que Off the Wall, prouver qu’il peut aller plus loin, plus haut, plus large. Résultat : un disque qui traverse les murs, les genres, les générations.on coule.
Dès “Wanna Be Startin’ Somethin’”, on est happé. Tout est tension, mouvement, éclat. Les cuivres brûlent, les synthés respirent, et cette voix, nerveuse, féline, semble annoncer une révolution imminente. “Beat It” surgit comme un coup de poing, porté par la guitare d’Eddie Van Halen qui déchire l’espace, mélangeant hard rock et pop avec une audace rare pour l’époque. “Billie Jean”, elle, avance comme une silhouette nocturne : basse hypnotique, pulsation précise, production millimétrée. C’est un morceau qu’on croit connaître, mais qui, à chaque écoute, révèle un détail, une ombre, une lueur.
Et puis il y a la pièce-titre, “Thriller”, laboratoire sonore où Jones empile les couches comme un architecte obsédé par la perfection. Le rire de Vincent Price, l’atmosphère de film d’horreur, cette manière de transformer la peur en plaisir pur : tout y est iconique, instantanément.
J’aime Thriller parce qu’il ne vieillit pas vraiment. Il respire encore. Il bouge, il scintille, il dérange un peu. Il rappelle que la pop peut être ambitieuse, théâtrale, sensuelle et visionnaire à la fois. Et qu’un album, parfois, peut changer la trajectoire du monde, tout simplement en refusant de se contenter de ce qu’il y avait avant.


Génial cette album