Pink Floyd : la fissure dans le mur du son
Pink Floyd n’a jamais fait du rock. Il a scié ses fondations, posé des briques de paranoïa, de révolte, d’acide et d’aliénation.
Né dans l’Angleterre grise des sixties, entre psychédélisme et guerre froide, le groupe incarne un monde en ruine qui cherche ses échappatoires dans l’espace et l’introspection.
Syd Barrett, météore écorché, installe d’emblée un chaos lumineux - Interstellar Overdrive hurle comme un radar en panne. Mais quand Waters prend la barre, c’est l’histoire d’une chute lente et magnifique. De Meddle à The Wall, Pink Floyd construit un théâtre mental : basse claustrophobe, claviers liquides, guitare comme une plainte céleste. Gilmour ne joue pas : il sculpte le vide.
Musicalement, c’est une alchimie rare : chaque note semble pesée, chaque silence hurle. Textuellement, c’est une fresque de l’âme moderne. Us and Them, Comfortably Numb, Time - autant de balles lentes dans le crâne de l’époque. L'ennui, l'école, le travail, le père mort à la guerre : tout est mis sur la table, disséqué, transformé en or noir.
Et l’impact ? Colossal. De Radiohead à Tool, toute une lignée regarde dans ce miroir sans tain. Pink Floyd n’a pas seulement influencé : il a contaminé. Leurs disques sont devenus des cathédrales où l’on prie en vinyle.
Pink Floyd, c’est la bande-son d’un monde qui vacille, mais avec panache. Une musique pour les ruines à venir, jouée comme une prière désespérée.