:: Purple Haze : le coup de foudre électrique
Mars 1967. Le rock n’a pas encore vu ça : une tempête de fuzz, un riff qui vrille l’échine, trois minutes et trente secondes qui explosent la pop anglaise depuis un studio de Londres.
Purple Haze n’est pas qu’un tube : c’est une secousse sismique. À 24 ans, Jimi Hendrix propulse la guitare dans une autre dimension - un champ magnétique où blues, psychédélisme et distorsion cohabitent comme un rêve chimique.
Derrière l’intro, huit notes cradingues comme un moteur qu’on arrache à la nuit, se cache un morceau mutant. La ligne de basse pulse comme un cœur sous acide, la batterie cogne sec, mais tout s’efface devant ce solo abrasif : un cri de métal fondu qui tord les tympans et la morale victorienne.
Certains entendent un trip au LSD, d’autres un délire amoureux. Hendrix lui-même, flou comme ses pédales d’effets, parle d’un “rêve sous-marin”. Peu importe. Purple Haze est un sortilège sonore. Chaque accord semble suinter l’électricité de l’époque : la jeunesse rêve de libération, de guerre au Vietnam, de délires kaléidoscopiques. Hendrix, lui, chevauche cette époque comme un chamane électrique.
Avec Purple Haze, le rock n’est plus sage. Il est sauvage, brûlant, sexuel. La scène de Londres est à genoux. Clapton, Townshend, tous restent muets devant cet Américain gaucher qui joue avec les dents et fout le feu à ses guitares. Le titre entre dans la légende comme un éclair violet gravé sur le drapeau de la contre-culture.
Près de soixante ans plus tard, la foudre claque encore. Appuyez sur play : ça sent toujours l’ozone, la liberté et la déflagration.