:: Ramones : choc sonique
Dans un New York délabré, rongé par la paranoïa post-Vietnam et le déclin urbain, quatre types sortent un disque de 29 minutes qui pulvérise les conventions du rock.
Ramones, c’est la gifle que personne n’attendait, mais que toute une génération désespérée réclamait.
Dès les premières secondes de “Blitzkrieg Bop”, tout est dit : vitesse, rudesse, clarté. Pas de solos, pas de fioritures. Des morceaux qui dépassent à peine les deux minutes, des refrains hurlés comme des slogans, une batterie mitraillette, des riffs tranchants comme du verre brisé. Le son est sec, brut, minimaliste - presque primitif - mais jamais brouillon. Chaque chanson vise juste, tape fort, et s’éteint avant qu’on puisse s’en lasser.
Mais Ramones ne se résume pas à une esthétique lo-fi. Il capte un malaise, une urgence. “Beat on the Brat” ou “Now I Wanna Sniff Some Glue” ne sont pas des provocations gratuites : ce sont des cris, enfantins et violents, face à une société qui a perdu tout sens. Leur naïveté est calculée, leur simplicité est un manifeste.
En refusant le pathos, les solos interminables et les concepts pompeux des années 70, les Ramones rebattent les cartes. Ils réinventent le rock en revenant à son os : énergie, colère, mélodie. Le punk naît ici, pas à Londres.
Ramones n’est pas un album, c’est un détonateur. Il a ouvert la voie à tout ce qui viendra ensuite, des Sex Pistols à Nirvana. Un disque qui sonne toujours comme une insulte crachée à la face du monde - et dont l’écho résonne encore.