Singles : Space Oddity, Bowie et la naissance de Major Tom
Juillet 1969. L’humanité regarde la Lune. Et un inconnu à la chevelure rousse largue une fusée imaginaire dans nos oreilles.
Space Oddity n’est pas seulement une chanson : c’est une capsule de solitude en orbite, une confession cosmique déguisée en bulletin de mission. Bowie capte la fascination collective pour l’espace, mais il y glisse déjà sa marque : l’aliénation, l’errance, la beauté glacée.
Musicalement, c’est une drôle de créature. La guitare acoustique ouvre le voyage, fragile et intime, puis l’orchestre et les claviers tissent un vide sidéral où résonne la voix de Major Tom. Le Mellotron souffle comme un chœur fantôme, et soudain la chanson s’échappe, se dissout, comme si la gravité elle-même lâchait prise. On est à mi-chemin entre la folk britannique et la science-fiction radiophonique.
Enregistré en une poignée d’heures aux studios Trident, ce morceau devient prophétique : sorti neuf jours avant Apollo 11, il colle si bien au moment que la BBC l’utilise pour couvrir l’alunissage. Bowie, jusque-là perdu dans le Swinging London, trouve son alter ego. Major Tom flotte, mais Bowie décolle.
Chaque écoute me donne encore l’impression d’assister à une naissance : celle d’un artiste qui comprit que l’espace intérieur était encore plus vaste que l’espace extérieur.