Stairway to Heaven : escalier vers l’absolu
En 1971, Led Zeppelin dépose sur la platine du monde un morceau qui n’est pas qu’une chanson : "Stairway to Heaven" est un rituel.
Huit minutes et deux secondes où chaque note, chaque souffle, semble contenir l’ombre et la lumière d’une époque en pleine mutation. Écrit par Jimmy Page et Robert Plant, le titre s’ouvre sur une guitare acoustique fragile, presque médiévale, comme un murmure arraché au brouillard anglais.
Puis la tension monte, inexorable, comme si l’air lui-même se densifiait. Les accords s’élargissent, la basse prend racine, la batterie retient encore son coup. Et Plant chante une quête - pas seulement spirituelle, mais profondément rock’n’roll : cette femme qui “achète un escalier vers le paradis” pourrait être n’importe quelle âme égarée des seventies, coincée entre les promesses utopiques des sixties et la gueule de bois qui s’annonce.
Ce n’est pas seulement la construction progressive qui fascine, mais la manière dont le morceau refuse toute complaisance. Quand enfin la batterie explose, c’est comme si John Bonham brisait une digue. Jimmy Page, lui, crache un solo incandescent, non pas pour briller, mais pour transpercer l’auditeur. Le tout culmine dans un final qui retombe sur une seule phrase, murmurée comme un verdict.
Impact culturel ? Incommensurable. Diffusé jusqu’à la saturation sur les radios FM, interdit de single par choix artistique, il devient paradoxalement un des titres les plus demandés de l’histoire. Décrié par certains comme un monument kitsch, vénéré par d’autres comme le sommet du rock épique, Stairway to Heaven reste insaisissable.
Plus de cinquante ans plus tard, on l’écoute encore en retenant son souffle. Parce qu’au-delà des modes, il conserve ce que peu de chansons possèdent : la sensation que, quelque part, cet escalier mène vraiment quelque part.