:: The Byrds : des plumes électriques sur l’Amérique
Quand ils surgissent à L.A. en 1964, The Byrds ressemblent à un mirage : cinq types perchés sur des harmonies célestes, branchant Dylan sur l’électricité de la British Invasion.
Derrière leurs lunettes noires et leurs fringues de bohèmes, ils trafiquent les frontières : folk, rock, country, psyché - tout passe dans leur alambic de douze cordes.
Dès “Mr. Tambourine Man”, c’est clair : ils volent un poème au prophète folk et lui greffent le jangle cristallin de la Rickenbacker de Roger McGuinn. Trois minutes, un coup de clairon : l’Amérique peut swinguer avec le verbe, danser sur le doute. The Byrds inventent le folk-rock sans le vouloir vraiment, ouvrant la voie à tout un pan de la contre-culture qui croyait encore que des mots pouvaient changer le monde.
Mais sous le vernis planent déjà les orages : ego, drogues, tensions. David Crosby tire vers le psyché, Gene Clark écrit des ballades blessées, Gram Parsons arrive plus tard avec ses bottes poussiéreuses et injecte le virus country. De “Eight Miles High” - trip sonore qui bouscule la censure - à Sweetheart of the Rodeo, virage radical vers le Nashville Sound, The Byrds ne se répètent jamais, se sabotent parfois, se réinventent toujours.
Leur impact déborde leur discographie : sans eux, pas de Tom Petty, pas de R.E.M., pas de Wilco. Leurs arpèges brillent encore dans mille morceaux. The Byrds, c’est la preuve qu’un groupe peut être à la fois fragile et fondateur, éternel et éphémère. Des plumes électriques, tombées du ciel, qui continuent de voleter dans le vent de nos guitares.