:: The Who : la déflagration éternelle
Personne ne sort indemne d’un disque des Who. Ni la platine, ni les murs, ni vous.
Quatre types qui ont élevé le vacarme au rang d’opéra et l’opéra au rang de champ de bataille. Quand Pete Townshend fracasse ses guitares, ce n’est pas un gimmick : c’est une extension de ses riffs tranchants comme des lames. Derrière lui, Keith Moon cogne ses fûts comme un hooligan en furie, entassant des explosions rythmiques sur un squelette de pop mod.
Dès “My Generation”, leur manifeste pour l’adolescence cramée, The Who ont compris que le rock devait hurler pour exister. Mais ce cri primal s’est mué en épopée électrique. “Tommy” a prouvé qu’un album pouvait raconter une histoire, “Who’s Next” qu’un synthé peut sonner plus brutal qu’un Marshall, “Quadrophenia” qu’un scooter pouvait porter toute l’Angleterre sur son porte-bagages.
Sous la colère, pourtant, une précision de chirurgien : John Entwistle, le bassiste-statue, tisse des contrepoints que seule une oreille avertie capte entre deux explosions de feedback. Et Roger Daltrey, l’un des rares chanteurs capables de dompter le chaos, crache ses refrains comme un prophète à la gorge râpée.
Aujourd’hui, on parle souvent de “classic rock” pour enfermer The Who dans la vitrine du passé. Erreur. Leur musique est une cicatrice encore ouverte. Chaque note rappelle qu’avant les playlists formatées, le rock était une menace, un frisson d’émeute.
Écoutez encore “Baba O’Riley” ou “Won’t Get Fooled Again”. Chaque accord est une barricade. The Who ne jouent pas pour la nostalgie, ils jouent pour rappeler que tout peut encore exploser.