:: Vampires Weekend : l’apocalypse en polos Ralph Lauren
Quand Vampire Weekend débarque en 2008, ses polos Ralph Lauren et son style Ivy League semblent un pari kitsch.
Pourtant, derrière cette image preppy, le groupe découpe la pop avec la précision d’un chirurgien, mêlant afrobeat, baroque et folk new-yorkais. Leur premier album est une mosaïque d’ironie et de rythmes syncopés, un manifeste d’une jeunesse privilégiée mais perdue, oscillant entre insouciance et angoisse post-9/11.
Les mélodies légères cachent des dissonances subtiles et des références pointues : clavecin sur “M79”, groove éthiopien dans “Cape Cod Kwassa Kwassa”. Ezra Koenig pose des textes sur le privilège, la foi et le temps qui passe, sous un vernis d’apparente simplicité.
Avec Modern Vampires of the City, le groupe se fait plus grave, plus habité. Les beats deviennent funéraires, la voix se fissure, la production mêle gospel et baroque moderne. C’est la ville qui doute, la génération qui s’interroge sur la foi, la mort, l’identité.
Vampire Weekend impose une élégance dans l’effondrement, un style qui refuse le cynisme facile. Ils montrent que la pop peut être intellectuelle, dansante, et pleine de sens.
Sous leurs polos, ils dansent sur les ruines d’un monde à la fois brillant et brisé.