Van Morrison : le mystique du R’n’B
Il y a des chanteurs, et puis il y a Van Morrison. Une voix comme une prière rauque, une transe celte drapée dans la soul.
Né à Belfast, forgé dans les clubs enfumés des sixties, il a traversé la musique comme un prophète distrait : sans chercher la lumière, mais en la trouvant souvent. Des Them électriques de “Gloria” à la grâce suspendue de Astral Weeks, Morrison n’a jamais choisi entre le corps et l’esprit. Il chante les deux à la fois, dans un même souffle.
Sa musique, c’est du R’n’B réinventé sous la pluie d’Irlande. Du jazz libre sans théorie. De la folk qui médite. Il n’imite personne, il s’abandonne. On y entend l’écho de Ray Charles, les pulsations de Coltrane, mais aussi la ferveur d’un poète païen. Moondance, Tupelo Honey, Into the Music : autant de chapitres d’un même évangile intérieur, celui d’un homme qui cherche le sacré dans chaque note bleue.
Sur scène, Van Morrison est imprévisible, parfois fermé, parfois incandescent. Il ferme les yeux, tourne sur lui-même, semble prier son micro. Il ne joue pas pour plaire. Il invoque. Le public, souvent, le suit sans comprendre exactement où il va, mais il y a là une intensité rare, une foi dans la musique brute, sans apparat.
Ce qu’il a légué ? Une manière de chanter l’âme comme on respire, sans décor, sans pose. Van Morrison nous rappelle que la musique n’est pas une industrie, mais une illumination possible, à condition d’y croire, encore.

