:: (What’s the Story) Morning Glory? : supersonic Albion
Il suffit de poser l’aiguille sur "(What’s the Story) Morning Glory?" pour sentir 1995 vibrer sous les cordes d’une guitare Gallagher.
Oasis n’a pas seulement sorti un disque : ils ont pressé l’ego sur vinyle, gravé une Angleterre gonflée d’arrogance et d’espoir au moment précis où le Cool Britannia s’offrait au monde comme un pub allumé à 3 heures du matin.
C’est un album qui sent la bière tiède, les vestes Adidas et l’insolence électrique. “Wonderwall” et “Don’t Look Back in Anger” sont devenues des hymnes de karaoké, mais leur puissance initiale tient au souffle qu’elles portent : ces chansons croient encore que trois accords peuvent renverser un gouvernement.
Derrière la façade hooligan, les arrangements sont plus subtils qu’il n’y paraît : les strates de guitares empilées comme des briques de Manchester, la batterie monolithique de Alan White, la voix nasale de Liam, mi-lamentation, mi-bravade.
Ce disque capture un moment où le rock anglais rejette la techno naissante, le grunge américain, et rêve d’être plus grand que Lennon.
Morning Glory est donc une hallucination collective : la classe ouvrière qui se rêve Beatles, la pluie qui tombe sur des stades pleins, et un riff répété jusqu’à l’ivresse. On peut railler l’outrance, mais on ne peut ignorer l’impact : des gamins du monde entier ont appris la guitare pour rejouer “Champagne Supernova” dans leur chambre.
Aujourd’hui encore, Oasis divise. Tant mieux. Un disque qui clive est un disque vivant. Et Morning Glory vit, bruyant, balafré de fierté. Impossible de ne pas lever son verre. Impossible de ne pas chanter.