Wonderwall : plus qu'une simple chanson de fin de soirée
1995. Le Britpop bat son plein. C'est l'année où la fierté anglaise se mesurait en décibels et en cols roulés. Oasis, au sommet de son arrogance magnifique, lance "Wonderwall" et fige l'époque.
C’est le son de l’espoir un peu brut, celui qui résonnait dans les pubs enfumés. Ce n’est pas seulement un tube, c’est l’hymne générationnel qui a permis à chacun de croire que sa mélancolie était un chef-d’œuvre.
Musicalement, c’est un coup de génie de la simplicité. Noel Gallagher a bâti cette cathédrale sur une poignée d’accords joués avec un capodastre à la deuxième frette. La structure harmonique, avec sa progression en Fa# mineur, est trompeusement facile.
Le vrai pivot, c’est l’instrumentation subtile : le violoncelle déchirant de Paul Weller, la mélodie de guitare acoustique qui ne lâche jamais et, bien sûr, le chant de Liam, une plainte nasale qui transforme le vague en universel.
L’anecdote est révélatrice du mythe : Noel, pour brouiller les pistes, affirma que la chanson parlait d’un “ami imaginaire qui viendra te sauver de toi-même”, refusant l’étiquette de ballade dédiée à son ex-petite amie.
Mais le titre, lui, est un clin d’œil direct à l’album de George Harrison, “Wonderwall Music” (1968). Une référence Beatles discrète, mais cruciale, prouvant que même dans la fureur Britpop, les racines du rock anglais étaient sacrées.
Alors, bien sûr, Wonderwall est devenu un cliché. La blague du guitariste débutant. Mais écoutez la bien, loin des reprises de campfire. C’est la plus grande chanson rock sur le mur invisible que l’on construit pour protéger ceux que l’on aime. Elle est la preuve que parfois, la chanson la plus surexposée est aussi la plus honnête. Elle est la cicatrice pop d’une décennie.

